J'ai décidé de partager avec vous ce que j'aime: la cuisine, les pensées de mon chat, les arts de la scène.
Mon maitre mot est LIBERTE
Quand je l'expose au soleil
Son ombre projetée écrit le mot AMOUR

samedi 16 janvier 2010

Histoire plurielle, suite 2

... Il ouvrit la porte vitrée, eut juste le temps d'entendre "b'jour M'sieur" et referma rageusement "sal' goss' ! ". Thomas monta les escaliers quatre à quatre, s'arréta devant une fenêtre qui donnait sur la cour, regarda l'imprimeur qui rangeait des cartons dans son atelier et sursauta en entendant du bruit. Ca venait d'en haut, de l'étage du dessus ... il entendit une porte s'ouvrir, quelqu'un s'enfuir précipitemment, il essaya de voir par la percée centrale, ne vit qu'une main au bout d'une manche grise et un pan d'imperméable, une porte plus haut s'ouvrit en grinçant et laissant entrer un rayon de lumière dans le vieil escalier poussiéreux puis ... plus rien, un silence pesant. Thomas continua de monter jusqu'au quatrième sans quitter des yeux le haut de l'escalier et comme s'il l'avait déjà pressenti, fut à peine surpris de trouver la porte de Mr Vernhes grand-ouverte, le paillason de travers... une odeur de café et de tabac ... une drôle d'impression de maison silencieuse anormalement ouverte et pas accueillante ... "M'sieur Vernhes ?" Il sonna deux fois, attendit, fit quelques pas dans le hall "M'sieur Vernhes ? Vous êtes là ? C'est Thomas !" A droite une pièce carrelée qui devait être la salle de bain était éclairée et ouverte mais il lui sembla plus normal de frapper et pousser une porte entrebaillée devant lui; il entra dans un petit salon bibliothèque . Des livres ! partout ! Sur les étagères, par terre, sur le bureau, sur la table, même sur la télé ... un fauteuil devant une fenêtre qui donnait sur la cathédrale ... Sur la gauche, la cuisine d'où venait l' odeur de café ... Thomas entra , une petite cafetière italienne était sur le gaz ... personne. Comme il retournait au salon, un chat passa entre ses jambes, la queue ébourrifée, sauta sur le bureau d'où il renversa un cendrier plein de mégots et se jucha au dessus d'un secrétaire où il avait son panier et se mit à cracher en direction de Thomas qu'il regardait avec des yeux ronds et noirs, l'échine voutée, tout le poil hérissé déployé comme un bouclier. Complètement affolé l'animal ! ... Mimi vient ! calme toi ! où est ton patron ? M'sieur Vernhes ?! Comme il ressortait du salon il se trouva nez à nez avec une grosse femme blonde et frisée couverte d'un châle rose qui tenait des lettres dans sa main droite :" Et ben qu'esse qui s'pass ici ? y en a du raffut ! T'es qui toi ? ... il est là M'sieur Vernhes ?" et elle bouscula Thomas pour entrer dans le salon pendant que le gamin essayait d'expliquer que ... non, justement ... il se demandait où était Mr Vernhes ... qu'il avait entendu du bruit et vu quelqu'un partir vers le haut et ... qu'il n'y avait que le chat qu'avait fait tom ...Ben il est où M'sieur Ve .... M'sieur Vernhes vous êtes dans ... Oh mon Dieu !!! s'écria la grosse femme en rentrant dans la salle de bain. Mais qu'est ce ... ? ... Juuuules ! Juuules! monte chez Vernhes ! viens voir! cria t elle depuis la porte d'entrée de l'appartement en plaquant Thomas à l'aller comme au retour contre le porte manteau. Pendant que la grosse continuait de pousser des cris et faire des entrées sorties de la salle de bains on entendit des pas lourds monter les escaliers, un homme vêtu d'un bleu de travail entra en se frottant les mains dans un torchon "qu'esse ya là ? pourquoi qu' tu cries com'ça ?... Où ça ? ... oh ben merde alors ! Il .... merde alors ..." Thomas se dégagea des cardigans, cannes et manteaux pour risquer un oeil là où les deux autres semblaient collés au plancher et put enfin avoir accés à la salle de bain quand le couple d'un commun accord de secouristes urgentistes décida d'appeler la police. Thomas entra dans la salle de bain et vit Monsieur Vernhes assis dans la baignoire sabot, vêtu de son manteau chiné, les lunettes sur le nez, son petit cartable sur les genoux, le regard droit , droit mais fixe, fixe mais un peu éteint, les paupières un peu tombantes, un peu pâle M'sieur Vernhes, son cou et son front étaient attachés au manche d'un balai glissé dans son dos avec du scotch large bande qui lui maintenait la tête bien droite, le balai était solidement fixé sur le mur carrelé avec le même gros scotch d'emballage pour que le balai serve de tuteur à M'sieur Vernhes ... en s'approchant un peu plus il vit le fond de la baignoire ... rouge, M'sieur Vernhes prennait un bain de pied, un bain bien rouge ... à côté du lavabo, son chapeau d e feutre et plusieurs flacons brisés qui semblaient être tombés de l'armoire à pharmacie ouverte. La grosse ressortit du salon où son homme appelait la police et essayait d'expliquer qu'il fallait venir vite parce que Monsieur Vernhes était dans sa baignoire à sabot sans vie , et ordonna à Thomas "Toi tu boug' pas mon gars, T'es témoin !" "Ben M'dame moi je dois rentrer chez moi, ma mère m'attend ... ché pas ce qui y a là mais ..." "tu boug' pas que j't' dis, c'est quoi ton nom d'abord ?" " Thomas, Thomas Besson" ....

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